Fin de droits
A bit too far
Qu'est ce qui est légal ou pas dans les pratiques actuelles de consommation / chargement / stockage de biens numériques (musique, vidéo) demande Jean-Michel Billaut dans ce billet. Les professions juridiques ont apparemment un bel avenir (financier) devant elles en attaquant les contrevenants, qu'ils soient de bonne foi ou non ... Mais est ce si sûr ? N'y a t-il pas une parade technique (fable de l'épée et du bouclier) ultime, une limite indépassable (comme est indépassable la vitesse de la lumière dans le vide), qui déjouerait toute tentative législative, toute contre-mesure technique, toute activité procédurière ?
Tout ce qui part d'un serveur (télématique classique, en stream, en torrent, ...), tout fichier "à valeur" peut devenir un sujet de préoccupation pour les professions traditionnelles. Musique, partitions, vidéos, livres, cours ... Et même l'ADN (dans certains pays, la séquence est brevetée). Ce qui a aujourd'hui de la valeur (du point de vue des ayants droits, et aussi de celui du consommateur, légal ou non), ce qui en aura demain : comme "tout" est potentiellement cherchable, indexable, (etc.), la valeur peut aussi provenir du fait que les données seront cherchables, explorables, connectables virtuellement à d'autres données, augmentables (attributs, annotations, tags, ... ), etc.
Et ce qui part de "plusieurs" serveurs ? Rien n'empêche de couper un fichier en minuscules morceaux (par ex., de très brèves citations, pour un livre), de les disperser sur de nombreux serveurs (par ex. en "P2P"), puis de les rassembler pour un stream ou un téléchargement ... La très petite taille des morceaux, l'incertitude sur leur localisation, peuvent poser un réel problème aux plus motivés (... par l'argent) des juristes et techniciens travaillant pour les légitimes ayants droits.
"Minuscules" morceaux : jusqu'à présent, il n'était pas économique de couper en morceaux riquiqui. Maintenant, ça l'est. Considérez donc toute oeuvre, tout fichier, comme - à la limite - des bits d'information "isolés", puissamment reliés par une infrastructure logicielle et matérielle extérieure et elle même dispersée. L'ampleur de l'infrastructure, par ex. la description des "liens" entre ces bits, dépasse de loin celle de l'oeuvre. Mais, encore une fois, cette ampleur n'est plus un problème technique ou économique.
Les dinosaures des professions musicales, etc. devront s'adapter ou périr, on le savait déjà. Mais n'est ce pas aussi toute l'économie basée sur la notion de "droits", et notamment l'économie numérique, qui risque de s'effondrer si sont mises en oeuvre ces techniques furtives de découpage infinitésimal, quelles que soient les adaptations (souhaitées et souhaitables) des dispositifs législatifs des différents pays ?
Comme dit par différents commentateurs du billet de Jean-Michel, à propos de la formation du revenu des artistes : vivre de concerts (et non des droits perçus sur des fichiers en ligne) ? Et plus généralement, pour tous producteurs d'informations, vivre de la présence, réelle et physique, ou simulée ? Un consultant pourrait par ex. laisser consulter gratuitement tous ses écrits (la diffusion a un coût : ledit consultant paierait un prestataire, ou encore, un diffuseur prendrait le coût à sa charge - de même qu'un supermarché prend à sa charge l'éclairage ou le chauffage du magasin -). Le susnommé consultant ferait payer sa présence "physique" (ou simulée). Comme un conteur ... (c'est de sacrés raconteurs, les consultants).
Conclusion provisoire : tous artistes ! Tous en scène ! N'est ce pas d'ailleurs vers ce quoi se dirige l'Internet 2.0 ? Chacun est à la fois consommateur, médiateur, producteur.
Reste à imaginer, à tester, à mettre en place en grandeur réelle les modes de vie (peut être plus développement durable ?), les modèles économiques, et tout l'environnement nécessaire (juridique etc.), pour favoriser cette présence qui serait "la" nouvelle valeur.
Une chose est certaine : toutes les présences n'ont pas la même valeur. Pour moi, la présence de Jean-Michel est importante (va t-il en déduire que je lui paierais un pot pour le plaisir de l'écouter ? :-) ). Et pour Mme Michu ? (Jean-Michel, comme tu es un excellent raconteur, vivement des podcasts ou émissions radio destinés à toutes les Mme Michu du monde). Des marchés des présences - étroitement corrélés aux paradigmes de l'économie de la réputation - vont s'installer. On trouvera des accès à ces marchés (flux entrants et sortants) depuis nombre de plates-formes (logiciels sociaux, par ex.).
Mots clés et tags : économie de la réputation reputation economy valeur value droits rights présence Madame Michu John Doe Internet 2.0 dessin de Fix bits of information
Xavier Maury
le 17.08.05 à 02:08
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Fin de droits : "stephane le 03.01.06 à 20:15 dans Salade numérique" rel="nofollow"
Anonyme - 17.05.06 à 09:49 - # - Répondre -