Créativité financière
La finance n'est pas faite pour les seuls financiers
La créativité financière a mauvaise presse. Les "comptables créatifs" qui sont à l'origine des affaires Enron, Vivendi, etc., ne sont pas réellement comptables (accountable) de leurs actes, ils se sont conduits comme des gosses irresponsables et mal élevés. Et pourtant, la finance a besoin de créativité, parce que nous tous, entrepreneurs, consommateurs, citoyens, nous sommes irrigués, que nous le souhaitions ou non, par la finance, et que parfois la finance nous malmène.
Où veux je en venir ? Seulement à ceci : employer la créativité, dans ce qu'elle implique d'échanges enrichissants entre personnes, ces échanges pouvant faire émerger le désir et la volonté d'un projet, afin de faire surgir de nouveaux instruments financiers.
Pourquoi, par exemple, est il si difficile dans une société cotée d'échapper à la dictature des actionnaires et des résultats à court terme ? Il faut au management une force de conviction (et des résultats) qui emportent l'adhésion, c'est assez rare. Voir par exemple la lettre aux actionnaires des fondateurs de Google lors de l'introduction en bourse.
Les statuts de fondation ou de trust (inexistants en France) permettraient peut être de faire perdurer une certaine morale des affaires. Pourquoi, par exemple, une entreprise devrait elle obligatoirement avoir une rentabilité sur fonds propres de 15% ? C'est absolument intenable sur le long terme, c'est impossible dans certains types d'activité. Cette doctrine empêche certaines entreprises de rechercher des investisseurs. Cela empêche, sur le plan sociétal global ("vivre ensemble") un sain partage entre revenus financiers et revenus salariaux. Et bien sûr, comme l'actualité le montre, cela conduit à des décisions à très court terme, parfois désastreuses pour l'avenir de l'entreprise, et souvent dommageables pour la motivation des collaborateurs.
Le profit est absolument nécessaire, comme motivation de l'entrepreneur - et de ses actionnaires -, comme guide dans la gestion, mais il ne peut être le seul guide, et encore moins avec une vision à court terme.
Ne peut on inventer des instruments financiers vertueux, qui obligent à une conduite des affaires - et des hommes - soucieuse du long terme ? Dans long terme, mettez ce que vous voulez : pérennité de l'entreprise et du profit, croissance compatible avec l'environnement, équilibre social, préservation des droits des générations futures ... De nouveaux outils pourraient être adaptés à une ou plusieurs de ces exigences.
Il n'y a pas de finance sans fisc. De nombreux groupes de pression proposent des dispositions avantageant tel secteur économique, tel groupe social, ou mettent en avant des considérations politiques (démographiques par exemple). Il est étonnant que les tenants du logiciel ouvert n'aient pas proposé dans les pays européens- à ma connaissance - de dispositions permettant une fiscalité avantageuse (entreprises et particuliers) sur des dons à des organisations fabriquant ou soutenant les logiciels ouverts. On fait fréquemment la confusion entre logiciels ouverts et logiciels gratuits : de quoi donc vivent les contributeurs qui font la qualité des logiciels ouverts ? De prestations de service, parfois de salaires versés par des employeurs. Mais pour que la création bénéficie de la quantité de travail nécessaire, il faut un "input" de rémunération plus important, par exemple sous forme de dons. Et pour encourager les dons, il faut des incitations, notamment fiscales.
Notre économie se caractérise par une création de plus en plus rapide de nouveaux biens et services. Evidemment, le taux de réussite est faible. Le marché est l'arbitre du match (ah, lemarché, que ne lui fait on pas dire ... parfois ce sont les mauvais produits ou services qui réussissent), et les managers sont les entraîneurs ou capitaines des équipes. Ne peut on introduire une nouvelle dimension ? Par exemple, l'opinion qu'on peut avoir sur la future réussite d'un produit ou service. Traduire cela en instruments financiers, combinant des techniques de spéculation, d'assurance ... J'ai quelques idées sur le sujet, et attends de rencontrer des partenaires adéquats pour que se monte un projet.
Immédiateté et transparence. On attend beaucoup des chiffres, parfois trop, il faut que ce soit des chiffres exacts, sincères, etc. Et produits rapidement. Les entreprises européennes cotées ont eu du mal à s'adapter à la production rapide de résultats annuels, voire trimestriels. Que se passerait il si l'on pouvait disposer de chiffres quotidiens ? Quels chiffres ? Cela entraînerait il des emballements ? Et si ces chiffres instantanés n'étaient disponibles que pour des interlocuteurs privilégiés ? Mais la transparence ne signifie pas forcément l'instantanéité. Que se passerait il si des systèmes d'information transparents et automatiques permettaient l'accès à certains chiffres ? Par exemple, si des normes EDI ou XML permettaient à tout instant (ou presque) à certains organismes administratifs (fisc ...) ou à des partenaires (banques, investisseurs, partenaires commerciaux) de "plonger" dans les systèmes d'information ? Cette transparence des systèmes d'information, cas par cas, pourrait être le support nécessaire de nouveaux instruments financiers. A noter que les échanges entre systèmes d'information sont déjà largement pratiqués pour des besoins commerciaux ou industriels. Alors pourquoi ne pas étendre cela ... pour créer de nouveaux produits ou instruments financiers, ou plutôt comme un des éléments de confiance supportant ces instruments ?
Mots clés et tags : responsable finance moralisation long terme profit actionnaire entrepreneur fondation transparence comptabilité fisc rentabilité créativité
accountable trust
Fix
le 30.10.04 à 04:27
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Commentaires
Création et finances
Il y a pourtant des créativitées bienvenues:
http://www.micfin.org/dotclear/index.php/2004/12/16/20-2005-annee-mondiale-de-quel-microcredit
François Granger - 17.12.04 à 14:00 - # - Répondre -
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Bonjour et bravo pour votre article MAIS.....il ne faut pas dormir sur vos lauriers! une archive aussi précieuse avec des idées si intelligentes c´est le moment ou jamais de l´envoyer sur les sites de nos prétentants á la présidence. On ne sait pas, on peut espérer que ça leur donnerait des idées, moi á votre place je tenterais le coup! merci encore pour ces propos sensés et novateurs, salutations
merle - 19.01.07 à 10:34 - # - Répondre -
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Anonyme - 21.03.05 à 19:05 - # - Répondre -
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Anonyme - 08.10.05 à 19:02 - # - Répondre -
j'ai un petit projet à réaliser il me faut un trés grand nombre de personnes, un article loyale pour la protection de mon proget si vous etes interéssés contactez moi
Anonyme - 23.10.05 à 23:41 - # - Répondre -
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Anonyme - 19.11.05 à 12:46 - # - Répondre -