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Que se passerait-il si ...
Explorations

Si les réseaux sociaux m'étaient contés

Usages et utilisateurs

Rencontre 6nergies du 22 juin. Pour arriver au bar de l'hôtel California, la rue de Berri est l'une des plus laides de Paris, immeubles mastocs écrasant leurs mufles les uns contre les autres dans un style architectural stalino-riche-oriental (pardon aux staliniens, et aux orientaux, mais le mélange des deux, c'est pas génial). Ouf, voici la soirée, animée, sympathique, intéressante.

Alain Lefebvre, comme toujours, est très disponible pour les 6nergiens. Profitons en pour lui communiquer rapidement une synthèse inédite, non encore validée, d'enquêtes ultra-scientifiques :-) sur un échantillon réduit : les services de réseaux sociaux ne serviraient (noter le conditionnel) à rien, sauf aux personnes qui s'imaginent qu'elles trouveront plus vite un job en s'activant sur le réseau, et bien entendu aux commerciaux et prospecteurs de tout poil. Par contre ... eh bien, si les utilisateurs y trouvent leurs intérêts, s'ils définissent eux mêmes (voire contribuent à mettre en oeuvre) les services que peut leur rendre la plate-forme, ça change tout. Comparaison avec le paradigme de fonctionnement des (bonnes) associations : non seulement les membres font tout (apport de temps, de compétences, etc.) mais en plus ils cotisent, et sont heureux de le faire, parce que c'est leur truc. En résumé et en caricaturant à peine : laissons donc les membres d'un service de réseautage faire tout le boulot, faisons leur payer une cotisation, et tout le monde sera content. Revenons sur leur truc : si les membres font tout, apportent tout, n'ont ils pas certains droits sur le service ? Quelles sortes de droits ? Une "golden share" dans le capital ? Une sorte de droit de propriété intellectuelle ? A explorer ... Et voir comment ces droits, au côté du capital traditionnellement détenu par les actionnaires, peuvent favoriser la croissance (quantité, qualité, etc.) du service lors de rachats, partenariats, etc. Autre retour sur leur truc : un utilisateur attend d'un service de réseau social qu'il complète et renforce les intérêts qu'il a déjà, et lui fasse découvrir d'autres opportunités et intérêts. C'est assez analogue à un media, qui doit à la fois aller à la rencontre de son public, élever (dans les bons medias) les exigences dudit public, et l'exposer à des nouveautés.

Autre brève discussion avec Alain : le prototypage de fonctionnalités / contenus en utilisant un proxy. Cela évite de toucher à la mécanique du service, de perturber la masse des utilisateurs. Moindre coût, meilleure gestion du temps, et surtout progression maîtrisée - et personnalisée - des tests, et conformité aux attentes des utilisateurs. On peut pour ce faire utiliser un proxy installé sur un serveur, ou beaucoup plus simplement un proxy intégré au logiciel de navigation, par exemple un script à intégrer dans le gestionnaire d'extensions greasemonkey. Démarche : faire exprimer des désirs (fonctionnalités, contenus) par les utilisateurs, les formaliser un minimum, faire programmer les scripts, les faire tester par des volontaires, synthétiser les expériences d'usage, puis seulement alors proposer un test (d'usages) élargi à un plus grand nombre d'utilisateurs (une version "beta" officielle). Rappel : un proxy permet dans une page Web de placer / remplacer n'importe quel contenu ou aspect, ou n'importe quelle fonctionnalité (dialogue avec des serveurs).

Stéphane Gigandet faisait connaître les qualités de la plate-forme de blog Viabloga (la plus innovante sur le marché ! et connaissez vous l'utilisation de Viabloga comme front-end d'une relation utilisateurs ?), et était interrogé sur la nouvelle proposition d'abonnement "à vie".

Passionnantes conversations avec Rodolphe Helderlé : il expose la stratégie professionnelle du tout nouveau Point Wiki, cela va sans aucun doute contribuer à une extension de l'usage des wikis. La discussion passe par l'incontournable Wikipedia. Rodolphe énonce avec limpidité une mission évidente pour un wiki professionnel : le "Wikipedia d'entreprise". Foin du KM (knowledge management), qu'on rencontre surtout lors de brillants séminaires, foin de l'IA (intelligence artificielle) sensée extraire d'un monceau de données le savoir d'entreprise, foin (ça en fait, des tas de foin ...:-) ) enfin de l'intelligence collective (sujet de livres et colloques brillants également ...), place au concret et à l'action. De la même façon que Wikipedia a su produire un savoir collectif utilisable, une collectivité professionnelle (entreprise, administration, etc.) ou un groupement de collectivités, peuvent produire et reproduire leur propre savoir, le transformer en savoir-faire. Cela demande bien sûr une quantité (et qualité) très importante d'accompagnement (notamment par des consultants), pour que les gens et les hiérarchies acceptent la démarche, y coopèrent, produisent peu à peu (ce n'est pas instantané, cf. wikipedia) des contenus de qualité, etc. Cette démarche peut aussi avoir comme résultat une meilleure appropriation (symbolique, affective, et plus) d'une organisation par ses collaborateurs. Mémoire et transmission du savoir et du savoir-faire de l'entreprise, mise en valeur et en réseau des collaborateurs, apprentissage concret des méthodes et vertus du travail collaboratif ...

"Wikipedia d'entreprise" ? Le concept est intéressant, l'offre commerciale est bien sûr entièrement à construire. Faisons réagir Jean-Luc Bergonzi, Stéphanie Quero et Nicolas Steinmetz ... Les objections soulevées, très valables, trouvent une réponse raisonnable dans le succès du management de Wikipedia (arriver à faire collaborer des personnes extrêmement différentes et aux intérêts ... différents).

Rencontre avec Serge Costa (qui en dehors de son job est responsable comm' bénévole pour le GIAA). La France est caractérisée - à l'inverse par ex. des USA et de l'Espagne - par l'émiettement des initiatives, associations, etc qui oeuvrent en faveur des handicapés. Ce qui conduit à un saupoudrage des crédits, et probablement à une moins bonne coordination et "puissance de feu". Les personnes amblyopes ou aveugles sont de plus en plus des personnes âgées, très attachées à leurs habitudes : renouveler le parc de lecteurs spécialisés de cassettes (vers des lecteurs de CD, ou des iPod-like) est problématique. Quid d'une production podcast (lecture humaine ou text-to-speech) adaptée aux besoins des mal voyants ?

Sébastien Sauteur est passionné par son futur job (chef de projet dans un organisme public fournissant des services aux handicapés). Sera t-il autorisé à contribuer à un partage d'expérience avec d'autres organismes, associations, etc ? Le partage, clef de la productivité, de l'innovation ... La conversation porte ensuite sur la capacité d'auto-organisation de petits groupes autonomes innovants, reliés entre eux par "ce qui est intéressant" (et non un RSS extensif. Nécessité et responsabilité d'éditorialiser "ce qui est intéressant"). A propos de l'innovation utile aux personnes handicapées : pourquoi ne pas faire en sorte (créativité appliquée ...) qu'un dispositif grand public soit utile tel quel aux personnes moins favorisées, ou encore qu'un dispositif élaboré à l'intention de personnes handicapées soit utile tel quel au grand public ? Economies dans la conception et le design, économies d'échelle dans la production et la distribution (un lecteur de cassettes spécialisé coûte de 3 à 10 fois son équivalent grand public ... il est extrêmement coûteux d'être handicapé).

Discussions sur le e-learning avec la très dynamique Monique Brunel. Le succès du e-learning tient à une étroite adaptation entre les besoins (et capacités) de l'apprenant, et l'offre. Ce qui suppose une démarche préalable d'évaluation, coûteuse mais indispensable. Si par exemple on veut évaluer les personnes ou types de personnes qui seront en contact (à distance, ou en présentiel) avec l'apprenant, il faut distinguer les "gourous magiques" qui font surgir de façon lumineuse l'intérêt de l'élève et la compréhension, les "approfondisseurs", les "répétiteurs". Sans oublier le "groupe des pairs" (les autres élèves). Par des documentations, tests, comparatifs, il faut permettre à un futur élève d'apprécier quelles personnes, dans ces classifications, sont à même de lui apporter la plus grande satisfaction. Ce qui implique qu'une offre de e-learning adaptée soit composée à la demande, à partir de plate-formes de marché qui proposeraient aussi, parmi les critères de choix, l'opinion des acheteurs / consommateurs. Un iTunes Music Store de l'enseignement ... :-)

Avec Olivier Sanviti on parle football, évidemment. Olivier, très bientôt (mieux foot tard que jamais :-) ) des dessins-foot à réutiliser sur ton site ! On a aussi évoqué les besoins juridiques - collectifs par exemple - d'une Web Services Valley.


A la sortie de la réunion, le décor stalino-riche-oriental de la rue de Berri est égayé (attristé ?) par un impressionnant nombre de jeunes créatures. Retour en voiture avec Jean-Luc Bergonzi, nous évoquons la transformation de l'ouvre-boîte pour offrir de meilleurs services.



Mots clés et tags : Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati Technorati




Xavier Maury le 24.06.05 à 16:57 dans Heures - Lu 8981 fois - Version imprimable
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Commentaires

Sauf que sur Wikipedia...

Les contributeurs ont du temps à PERDRE. C'est de cette façon qu'un opérationnel et à fortiori un opérationnel va voir la chose si ont lui demande de participer à l'élaboration d'un Wikipedia interne. Reste à trouver les arguments. Croisons nos idées sur cette aproche que beaucoup ont dans la tête dans la case utopie.

Euh, je précise que n'ai fait que partager un point de vue sur l'initiative POintWiki conduite par Youssouf, Christophe et Jérome
Je ne suis pas dans la boucle initiale.

Clair que le taf de Sébastien s'annonce passionnant.

A TCHAOum,
Rodolphe

Rodolphe - 24.06.05 à 18:14 - # - Répondre -

Re: Sauf que sur Wikipedia...

Et à fortiori un dirigeant

Rodolphe - 24.06.05 à 18:21 - # - Répondre -

Re: Sauf que sur Wikipedia...

Je connais par coeur les arguments de ceux-qui-ont-le-nez-sur-le-guidon, dirigeants ou oiseaux de moindre plumage. Mais justement, décomptons le temps où ils travaillent réellement (... c'est ce qui fait d'ailleurs l'immense succès des stages et ouvrages sur comment-optimiser-son-temps). Enlevons la machine à café, les repas parfois prolongés, les pots pour célébrer l'arrachage de tel client ou l'anniversaire d'untel. Enlevons les temps d'inefficacité dus à la mauvaise organisation générale, au manque de simplicité de la relation client, et aussi à l'abrutissement personnel (fatigue, stress, trop de  ... tout). "Mossieur, vos cadres sup, tout ce temps perdu, pourquoi ne pas le consacrer à des activités régénérantes, ludiques et surtout très utiles".

Effectivement, il faut construire les arguments permettant d'abord de se faire accepter et écouter de prospects. Seulement ensuite il sera possible de faire valoir les "vrais" arguments de la démarche.

Prospects ? Ils peuvent aussi être à l'intérieur de "niches" dans les organisations. A détecter à l'occasion, par ex., de "problèmes". Comme on l'a fait, par ex., dans la sidérurgie, à l'occasion du départ massif en préretraite de milliers de collaborateurs : on s'est rendu compte qu'il ne suffisait pas d'ingénieurs et d'ordinateurs pour faire bien marcher les hauts-fourneaux. Cela a conduit a recueillir (ou tenter de recueillir) l'expérience des "anciens".

Faisons aussi le reverse engineering du succès de Wikipedia. Le "temps à perdre", ce n'était pas uniquement celui de chômeurs désoeuvrés ou d'universitaires en mal d'occupations. Et même si cela était, il y aurait des leçons à prendre.

Fix - 24.06.05 à 19:26 - # - Répondre -

Lien croisé

L'ouvre-boîte - Réalité augmentée : " Quoi ? - Si les réseaux sociaux m'étaient contés : "al qu'il complète et renforce les intérêts qu'il a déjà, et lui fasse découvrir d'autres opportunités et intérêts. C'est assez analogue à un media, qui doit à la fois aller à la rencontre de son public, élever (dans les bons medias) les exigences dudit public, et l'exposer à des nouveautés.Autre brève discussion avec Alain : le prototypage "

Anonyme - 28.06.05 à 02:53 - # - Répondre -

Lien croisé

L'ouvre-boîte - "Wikipedia" local : "évoquait un management des connaissances supporté par un outil wiki. Cf. ce compte-rendu de la réunion et la discussion qui s'ensuit.Mots clés : partage de connaissances "

Anonyme - 29.06.05 à 14:08 - # - Répondre -

Lien croisé

L'ouvre-boîte - Les réseaux sociaux en panne ? : "changer informations (par ex. alimentation automatique, dans les deux sens, de "profils" désirés, etc.). - Le modèle économique. Bon, tant que c'est gratuit et rigolo (tout nouveau), on accepte de passer un peu de temps sur les réseaux sociaux. Ça devient payant, ça n'est plus rigolo, ça n'est toujours pas véritablement utile ? Les utilisateurs fuient. A moins, comme signalé dans ce billet, que la plate-forme de réseau soit "à nous, les utilisateurs", parce qu'elle offre tous les services désirés, voire conçus par nous. Utilité, pas de perte de temps, etc. Les utilisateurs acceptent alors de rémunérer l'opérateur de la plate-forme ! Laquelle plate-forme n'a d'ailleurs pas forcément besoin d'une beau site Web avec d'innombr"

Anonyme - 19.07.05 à 16:56 - # - Répondre -

Lien croisé

L'ouvre-boîte - We can make it ! : " Quoi ? - Si les réseaux sociaux m'étaient contés : "s. Un iTunes Music Store de l'enseignement ... :-)Avec Olivier Sanviti on parle football, évidemment. Olivier, très bientôt (mieux foot tard que jamais :-) ) des dessins-foot à réutiliser sur ton site ! On a aussi évoqué les besoins juridiques - collectifs par exemple - d'une Web Services Valley.A la sortie de la réunion, le décor stalino-r"

Anonyme - 21.01.06 à 18:51 - # - Répondre -

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Si les réseaux sociaux m'étaient contés : "stephane le 03.01.06 à 20:15 dans Salade numérique" rel="nofollow"

Anonyme - 17.05.06 à 09:49 - # - Répondre -

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L'ouvre-boîte - Les réseaux sociaux en panne ? : "er informations (par ex. alimentation automatique, dans les deux sens, de "profils" désirés, etc.). - Le modèle économique. Bon, tant que c'est gratuit et rigolo (tout nouveau), on accepte de passer un peu de temps sur les réseaux sociaux. Ça devient payant, ça n'est plus rigolo, ça n'est toujours pas véritablement utile ? Les utilisateurs fuient. A moins, comme signalé dans ce billet, que la plate-forme de réseau soit "à nous, les utilisateurs", parce qu'elle offre tous les services désirés, voire conçus par nous. Utilité, pas de perte de temps, etc. Les utilisateurs acceptent alors de rémunérer l'opérateur de la plate-forme ! Laquelle plate-forme n'a d'ailleurs pas forcément besoin d'une beau site Web ave"

Anonyme - 27.05.07 à 23:18 - # - Répondre -

Lien croisé

L'ouvre-boîte - "Wikipedia" local : "évoquait un management des connaissances supporté par un outil wiki. Cf. ce compte-rendu de la réunion et la discussion qui s'ensuit.Mots clés : partage de connaissances "

Anonyme - 12.09.07 à 15:24 - # - Répondre -

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